Bonjour à toutes et à tous.
Voici la
Lettre du site N° 44 de
La Fédération du 16 janvier 2011.
Elle recense notamment les derniers articles publiés sur notre site (
lafederation.org ).
Pour obtenir la lettre d'information au format PDF,
Cliquez ici.
Voilà
la force d’une révolution démocratique : malgré la répression, et pour
que les morts ne se soient pas sacrifiés « pour rien », le peuple de
Tunisie chasse la classe dirigeante. Une Tunisie dont beaucoup de
journalistes ont semblé «
découvrir » qu’elle était une dictature ! Depuis 23 ans, les habitudes prises sont fortes.
Le Président Mitterrand avait jugé nécessaire le coup d’État de Ben Ali,
pour remplacer, en 1987, un Bourguiba vieilli qui ne se décidait pas à
partir.
Le Président Chirac avait dit que la démocratie en Tunisie suivrait le développement apporté par son «
ami Ben Ali ».
Et le Président Nicolas 1er soutenait l’un de «
nos hommes » au Maghreb. Il le félicitait pour ses résultats comme l’a fait l’expert du FMI, Dominique Strauss-Khan, le 18 novembre 2008
(Voir la vidéo).
Sur Canal+, Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, a pu s’en faire le défenseur : «
Il
y a une opposition politique mais qui ne s'exprime pas comme elle
pourrait le faire en Europe. Mais dire que la Tunisie est une dictature
univoque, comme on le fait si souvent, me semble tout à fait exagéré. »
Bruno Le Maire, ministre chargé du programme à la direction de l’UMP, a, quant à lui, déclaré : «
le président Ben Ali est quelqu'un qui est souvent mal jugé, mais il a fait beaucoup de choses. »
Michèle Alliot-Marie, ministre des Affaires étrangères, lisant un texte
préparé avec soin, a déclaré à l’Assemblée nationale, le mardi 11 :
«
Nous proposons que le savoir - faire
qui est reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité permette
de régler des situations sécuritaires de ce type »
(Voir la vidéo).
Ces offres de service et d'ingérence faites aux autorités tunisiennes
pour mater la population, constituent une honte pour nous, en ces jours
tragiques qu’a traversés la Tunisie.
On imagine les intérêts en jeu. Des dizaines de morts ont fini par
soulever un peu le voile. Mais nos pseudo-démocrates de droite et de
gauche ont d’abord parlé de jeunes déclassés, de réduire le soulèvement,
au besoin de créer des emplois ! Jusqu'à la veille de son départ, ils
ont cherché à aider Ben Ali à se maintenir au pouvoir.
Proposons donc quelque chose qui devrait aller de soi : rendons publics
les intérêts des groupes dirigeants français en Tunisie ! Établissons la
liste de ce qui doit être confisqué, pour devenir une propriété
socialisée dans ce pays ! Combien de liens, d’intérêts et de profits ont
prospéré, pendant des lustres, depuis la colonisation jusqu'à la
post-colonie ? Qu’on y songe : c'était déjà d’actualité, au début de la
3e République, dans les romans de Maupassant (
Bel-Ami) !
Repoussé au dernier moment par Nicolas 1er, «
notre ami Ben Ali
» a trouvé refuge en Arabie Saoudite. Les paradis fiscaux - protégés
par les sommités du G8, du G20, du FMI et de la Banque mondiale -
n’ayant pas disparu, gageons que les richesses de cette famille et de
ses proches sont bien à l'abri.
Espérons que les Tunisiens imposent une grande lessive et veillent à ce
que les ministres issus de l’opposition soient des relais des
mobilisations et notamment des jeunes.
Malgré la répression, cela fait des années que leurs organisations, des
militant-e-s peu connu-e-s, ont su discuter entre marxistes et musulmans
qui veulent une démocratie et pas le fondamentalisme réactionnaire.
Ce que réalise le peuple tunisien ouvre un avenir différent pour tous
les pays du Maghreb. Le courage collectif et la force des mobilisations
en Tunisie ont pris le relais des mobilisations de Grèce, du Portugal,
d'Espagne, de Grande-Bretagne, d'Italie, etc.
Ne nous croyons pas trop seul-e-s en France pour mettre en échec la
majorité de droite ! Pourquoi ne chasserions-nous pas, à notre tour, les
complices de Ben Ali qui occupent honteusement le pouvoir dans notre
pays ?
Le 14 janvier 2011 a sonné l’heure. La « révolution du jasmin » le montre : la voie de la résignation doit être abandonnée.