Depuis des semaines, la population de Bénis, quartier rural de
Castelsarrasin, est sous le choc ; les trois tracés de la Ligne à Grande Vitesse
Bordeaux-Toulouse passent par le hameau. Les habitants suivent l’évolution sur
Internet, et à chaque rencontre informelle on analyse l’impact des tracés.
L’angoisse s’installe. Tel agriculteur vient d’aménager des hangars, tel autre
a installé des panneaux photovoltaïques. Qu’adviendra-t-il ? Et les
personnes âgées ? A quatre vingt ans, que reconstruire ? Si le mot
suicide n’est pas prononcé, on entend « je partirai avec ma maison ».
Du côté des élus, silence, et c’est ce silence qui témoigne de leur
mépris à l’égard du quartier qui est le plus douloureusement ressenti, cet
abandon nous a blessé. Aucune information alors que d’autres s’organisent en
association pour débattre et être entendus.
Le lundi 4 janvier, réunion des élus à la Préfecture de Montauban
et manifestation des associations, huit habitants du quartier décidons d’y
aller. Nous comprenons vite qu’on ne nous dira rien à l’issue de la réunion,
nous prenons alors l’initiative de convoquer les habitants de la vallée pour
une rencontre avec Monsieur le Maire le jeudi 7 janvier à 8 h 30. Lors de cette
réunion, Monsieur le Maire nous a présenté un tracé sur plan cadastral passant
au beau milieu de Bénis et « impactant » une vingtaine d’habitations
restaurées avec respect et attachement. Pas de remarque, pas de soubresaut,
seule inquiétude pour Monsieur le Maire « que ni le lycée, ni la station
de pompage ne soient impactés ». Et nous ?
Après la réunion du 11 janvier à Bordeaux, un ultime tracé apparaît
légèrement plus au Sud des précédents, quelques maisons seraient encore
menacées.
Bénis, reconstruit après les terribles inondations de 1875,
sera-t-il anéanti par l’homme ?
Des habitants de Bénis
Le problème de la LGV n'est pas le pbe de la SNCF puisque c'est l'opérateur privé RFF qui se sucre en construisant cette ligne et en faisant payer les trains...A mon avis la LGV est nécessaire mais elle doit surtout impliquer une grande concertation et la sortie de la monnaie de la part de l'opérateur pour construire une ligne respectueuse des paysages et des gens mais aussi des exploitants agricoles...
RépondreSupprimerDire que la ligne LGV est nécessaire revient à dire que son absence est impossible. Or la ligne LGV n'existe pas. Donc son absence est possible d'un point de vue logique.
RépondreSupprimerDans l'absolue, la ligne LGV n'est ni une nécessité logique, ni physique, ni morale.
On pourrait supposer que sa nécessité soit toute relative. Et nous dirions donc que la ligne LGV est nécessaire à quelque chose ou à quelqu'un. Mais nous pourrions trouver une autre solution à cette nécessité relative. En effet, pour relier deux villes par voie ferroviaire, la ligne LGV n'est pas plus nécessaire qu'une autre voie. De plus, plusieurs trajets peuvent être envisagés, donc aucun d'eux n'est nécessaire. En revanche, pour relier deux villes par voie ferroviaire en un temps minimum, il y a nécessité d'envisager le trajet le plus court avec le minimum d'arrêts.
Nous voyons très bien où nous mène cette réflexion, à savoir que nous devons nous poser la question première, celle qui est à l'origine de toutes les autres questions. Y-a-t-il nécessité à relier deux villes par voie ferroviaire en un temps minimum ? Il suffit alors de reprendre le même raisonnement que celui employé plus haut et qui aboutit à la conclusion suivante : la ligne LGV est contingente, c'est-à-dire qu'elle peut très bien être ou ne pas être, ici ou ailleurs, dans un futur proche ou lointain.
N'étant pas nécessaire, la ligne LGV peut-elle être utile à notre ville ? Il semble évident qu'en l'absence de gare sur notre commune, aucune retombé économique n'est à envisager. Et je ne vois aucune raison pour que Castelsarrasin bénéficie d'un arrêt sur la ligne. Si la ligne est utile au département, voire à la région, je ne crois pas non plus qu'il faille sacrifier des familles castelsarrasinoises sur l'autel de l'intérêt départemental ou régional. Par conséquent, le choix de tel ou tel trajet ne peut être que la résultante d'un rapport de force entre l'instinct de survie que manifestent des hommes quand ce qu'ils ont mis tant d'années à acquérir est menacé, et les intérêts économiques d'autres hommes.
C'est pourquoi, la seule position que nous devons adopter, la seule position morale, la seule position juste est le refus du passage de la ligne LGV sur notre commune. Notre place est donc aux côtés des habitants de Bénis.