Voici la Lettre du site N° 44 de La Fédération du 16 janvier 2011.
Elle recense notamment les derniers articles publiés sur notre site ( lafederation.org ).
Le Président Mitterrand avait jugé nécessaire le coup d’État de Ben Ali, pour remplacer, en 1987, un Bourguiba vieilli qui ne se décidait pas à partir.
Le Président Chirac avait dit que la démocratie en Tunisie suivrait le développement apporté par son « ami Ben Ali ».
Et le Président Nicolas 1er soutenait l’un de « nos hommes » au Maghreb. Il le félicitait pour ses résultats comme l’a fait l’expert du FMI, Dominique Strauss-Khan, le 18 novembre 2008 (Voir la vidéo).
Sur Canal+, Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, a pu s’en faire le défenseur : « Il y a une opposition politique mais qui ne s'exprime pas comme elle pourrait le faire en Europe. Mais dire que la Tunisie est une dictature univoque, comme on le fait si souvent, me semble tout à fait exagéré. »
Bruno Le Maire, ministre chargé du programme à la direction de l’UMP, a, quant à lui, déclaré : « le président Ben Ali est quelqu'un qui est souvent mal jugé, mais il a fait beaucoup de choses. »
Michèle Alliot-Marie, ministre des Affaires étrangères, lisant un texte préparé avec soin, a déclaré à l’Assemblée nationale, le mardi 11 :
« Nous proposons que le savoir - faire qui est reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité permette de régler des situations sécuritaires de ce type » (Voir la vidéo). Ces offres de service et d'ingérence faites aux autorités tunisiennes pour mater la population, constituent une honte pour nous, en ces jours tragiques qu’a traversés la Tunisie.
On imagine les intérêts en jeu. Des dizaines de morts ont fini par soulever un peu le voile. Mais nos pseudo-démocrates de droite et de gauche ont d’abord parlé de jeunes déclassés, de réduire le soulèvement, au besoin de créer des emplois ! Jusqu'à la veille de son départ, ils ont cherché à aider Ben Ali à se maintenir au pouvoir.
Proposons donc quelque chose qui devrait aller de soi : rendons publics les intérêts des groupes dirigeants français en Tunisie ! Établissons la liste de ce qui doit être confisqué, pour devenir une propriété socialisée dans ce pays ! Combien de liens, d’intérêts et de profits ont prospéré, pendant des lustres, depuis la colonisation jusqu'à la post-colonie ? Qu’on y songe : c'était déjà d’actualité, au début de la 3e République, dans les romans de Maupassant (Bel-Ami) !
Repoussé au dernier moment par Nicolas 1er, « notre ami Ben Ali » a trouvé refuge en Arabie Saoudite. Les paradis fiscaux - protégés par les sommités du G8, du G20, du FMI et de la Banque mondiale - n’ayant pas disparu, gageons que les richesses de cette famille et de ses proches sont bien à l'abri.
Espérons que les Tunisiens imposent une grande lessive et veillent à ce que les ministres issus de l’opposition soient des relais des mobilisations et notamment des jeunes.
Malgré la répression, cela fait des années que leurs organisations, des militant-e-s peu connu-e-s, ont su discuter entre marxistes et musulmans qui veulent une démocratie et pas le fondamentalisme réactionnaire.
Ce que réalise le peuple tunisien ouvre un avenir différent pour tous les pays du Maghreb. Le courage collectif et la force des mobilisations en Tunisie ont pris le relais des mobilisations de Grèce, du Portugal, d'Espagne, de Grande-Bretagne, d'Italie, etc.
Ne nous croyons pas trop seul-e-s en France pour mettre en échec la majorité de droite ! Pourquoi ne chasserions-nous pas, à notre tour, les complices de Ben Ali qui occupent honteusement le pouvoir dans notre pays ?
Le 14 janvier 2011 a sonné l’heure. La « révolution du jasmin » le montre : la voie de la résignation doit être abandonnée.
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