Alerte au nuage polonais pollué
qualité de l'air
C'est une bonne nouvelle qui doit toutefois être manipulée avec précaution. Dans une étude sur la pollution de l'air dans les grandes villes européennes coordonnée par l'institut de veille sanitaire, rendue publique hier, la qualité de l'air respiré à Toulouse fait quasiment figure d'exemple. Durant trois ans 60 scientifiques répartis dans 12 pays européens ont mesuré l'impact de la présence de particules fines PM2,5 - de moins de 2,5 microns - sur l'espérance de vie des habitants âgés de 30 ans et plus. Résultat : si le seuil inférieur ou égal à 10 microgrammes par m3 d'air fixé par l'OMS était respecté, les Marseillais vivraient 7,5 mois de plus qu'aujourd'hui. Les Parisiens et les Lyonnais gagneraient 5,8 mois et les Toulousains seulement 3,6 mois. L'air serait donc moins chargé à Toulouse que dans les autres grandes villes françaises. Mais pour Pierre Yves Robic, responsable des études à l'ORAMIP (observatoire régional de l'air en Midi-Pyrénées) le conditionnel reste de mise, « car les données utilisées dans le cadre du projet Aphecom, datent de 2008. Cette année la, la moyenne des relevés était de 14,2 microgrammes par m3 d'air. Mais en 2009 et 2010 nous étions autour de 17 microgrammes par m3, ce qui nous ramène au même niveau que des villes comme Lille, Lyon, Paris, ou Strasbourg. » Mais même avec un taux de pollution plus ou moins équivalent aux autres grandes villes Françaises, Toulouse tire son épingle du jeu grâce à un régime des vents particulièrement efficace. Soumis à la fois à l'Autan venu de l'est, et au vent de nord-ouest qui souffle de l'Atlantique, l'air de la Ville rose est régulièrement brassé et renouvelé. « Même si la qualité de l'air que l'on respire à Toulouse n'est ni meilleure ni pire qu'ailleurs, nous ne sommes pas dans la cuvette de Clermont-Ferrand, ici les polluants sont assez rapidement dispersés par les vents », analyse Pierre Yves Robic.
Toulouse n'échappe toutefois pas aux grandes tendances d'une pollution urbaine très fortement impactée par le trafic routier. Depuis trois ans, le seul capteur placé en bordure du périphérique, à proximité de la sortie du Busca dépasse pendant 50 jours par an les niveaux de pollution admis, soit 15 jours de plus que les 35 jours de dépassement autorisés. Avec des niveaux qui tournent autour de 17 microgrammes par m3, dans le reste de la ville, le volume de pollution est moins élevé. Mais il reste supérieur aux 10 microgrammes par m3 » préconisés par l'OMS.
19 000 morts par an
Dans les 25 grandes villes étudiées, ce qui représente un total de 39 millions d'habitants, le dépassement du seuil de 10 microgrammes par m3 d'air fixé par l'OMS, par des particules fines d'une taille inférieure à 2,5 microns (PM2,5), se traduit, selon les conclusions du projet Aphecom, par 19 000 morts par an. L'impact économique de cette pollution atmosphérique est d'environ 31,5 milliards d'euros par an. Avec 9,4 microgrammes par m3, Stockholm est la seule ville du panel à se situer en deçà des normes fixées par l'OMS. Bucarest et Budapest pourraient en revanche gagner 22 et 19 mois d'espérance de vie en respectant les normes fixées par l'OMS.Habituellement, on respire plutôt bien
Lorsque de l'air chargé de microparticules venues d'ailleurs se mêle à la pollution générée localement par le trafic routier, les chauffages et l'activité industrielle, la situation devient préoccupante. Hier en début d'après-midi, l'ORAMIP a ainsi publié une procédure d'information de dépassement d'un seuil de pollution atmosphérique, après avoir enregistré une concentration anormalement élevée de particules de type PM 10 (dont la taille est inférieure à 10 microns) au-dessus de la région Midi-Pyrénées. Cette concentration atteignait 84,1 microgrammes par m3 en ville avec un pic avec un pic à 97,2 microgrammes par m3 à la station de mesure de qualité de l'air du périphérique toulousain au Busca. Elle provient d'une masse d'air qui descend tout droit du nord de l'Europe et notamment de Pologne et qui va stagner durant une bonne partie du week-end au-dessus de la France. Arrivé au-dessus de la région mercredi autour de 14 heures le « nuage polonais » devrait finir de la survoler à partir d'aujourd'hui. Hier matin vers 11 heures le vent qui soufflait de l'est sud-est a basculé à l'ouest nord-ouest. Mais cette bascule du vent n'a pas suffi à chasser la pollution atmosphérique qui était déjà solidement installée au-dessus de nos têtes.L'ORAMIP précise que les mesures effectuées ont permis d'établir que la masse d'air déplace avec elle des particules particulièrement petites qui entrent certes dans la catégorie des PM10 (inférieures à 10 microns) mais dont 80 % mesurent moins de 2,5 microns (PM2,5). Des analyses sont actuellement en cours pour déterminer la nature exacte de ces particules dont on ne connaît pour le moment que la taille.
Questions à
Des particules cancérigènes
En quoi les particules fines sont-elle dangereuses ?Docteur Rose-Marie Rouquet, pneumologue. Elles sont dangereuses car elles créent des lésions au niveau de l'appareil respiratoire très profond. Il y a aune pollution immédiate aiguë causée par les dioxydes de soufre, l'azote et l'ozone que l'on ressent immédiatement et qui est à l'origine de l'asthme, des irritations nasales et de la gorge. Mais les particules fines vont beaucoup plus loin dans l'arbre respiratoire et passent probablement dans le sang. Ce sont essentiellement des métaux lourds et des hydrocarbures. Ces substances sont cancérigènes à long terme. Elles sont à l'origine de maladies cardiaques ainsi que de l'emphysème et du cancer du poumon.
Comment peut-on s'en protéger ?
Les enfants et les personnes fragiles ne doivent pas sortir dès qu'une alerte à la pollution est lancée.
Peut-on mesurer en temps réel l'impact de cette pollution ?
Certainement, lors des forts pics de pollution, nous constatons des excès de mortalité, et une augmentation des admissions dans les services d'urgence.
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