Alors que les négociations sur la pêche au thon viennent de démarrer, leur issue est totalement incertaine: le Japon, qui consomme 80% du thon rouge, appelle à l'action, mais d'autres pays mettent en doute la sincérité de sa position. Quand à l'Europe, elle est profondément divisée et subit la pression de la France et des pays méditerranéens, alliés des puissants cartels de la pêche - pour certains criminels.
Notre meilleure chance de faire de ce sommet un succès est de transformer cette négociation de coulisse en une tempête politique. Le pouvoir des cartels est le plus grand lorsque personne n'y prête attention -- mais si nous montrons aux gouvernements que le monde a les yeux rivés sur eux, nous ouvrirons la voie vers un accord. Signez la pétition pour sauver ces poissons dont le rôle écologique est vital, et faites passer le message à tous -- nos demandes citoyennes seront remises directement aux négociateurs et aux médias sur les lieux du sommet à Paris:
http://www.avaaz.org/fr/tuna_
La situation est dramatique -- la population de thons rouges de l'Atlantique a chuté jusqu'à atteindre seulement 15% de son niveau historique et la pêche au thon est devenue un trafic criminel représentant un marché noir de 4 milliards de dollars. Le prix d'un thon peut atteindre 100 000 dollars, et les pêcheurs trompent les régulateurs avec des données falsifiées, contournent les systèmes de contrôle, se livrent à une surpêche endémique pour finalement vendre illégalement et hors régulation des poissons non recensés.
Tous ceux qui ont la responsabilité de préserver des stocks de thon durables ont jusqu'ici échoué. La Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l'Atlantique (CICTA), l'organisme mondial de régulation qui se réunit cette semaine à Paris, a ignoré les recommandations de ses propres scientifiques appelant à un moratoire sur la pêche au thon rouge. La Commissaire Européenne chargée de la Pêche, qui proposait il y a quelques jours un plan d'action, a fait face à une levée de boucliers de plusieurs Etats membres. Et la Commission Européenne a elle-même subventionné des bateaux équipés spécialement pour la surexploitation. Enfin, les pays commercialisant le thon rouge ont dépassé illégalement les quotas fixés par la CICTA - la France et l'Italie en particulier. Si de telles négligences se poursuivent, cela provoquera bientôt la disparition totale du thon rouge.
Aujourd'hui, les profits du thon sont contrôlés par une toute petite élite de la pêche industrielle ultra-sophistiquée qui exploitent des navires suréquipés - les thoniers senneurs - et des fermes d'élevage. Les autres communautés de pêcheurs, par contre, voient leurs moyens de subsistance s'amenuiser considérablement. Et ce pillage nous affecte tous: comme les thons rouges se situent presque au sommet de la chaîne alimentaire marine, leur extinction pourrait entraîner un effet domino aux conséquences désastreuses. Pour dire les choses simplement: sans les grands poissons prédateurs, les poissons moyens mangeront tous les petits poissons, et il ne restera plus personne pour manger les micro-organismes. Cela signifie qu'en l'espace de quelques décennies, nos océans pourraient devenir des cimetières géants.
Chose étonnante, le Japon pourrait bien être le pays agissant le plus en faveur d'un plan d'action sérieux à la conférence de la CICTA. L 'Agence Japonaise pour la Pêche a déclaré que les consommateurs japonais pourraient bien avoir à "oublier le thon pour le moment". Quant au groupe Mitsubishi, l'un des plus gros acheteurs de thon rouge du monde, il a annoncé son engagement à garantir la reconstitution des stocks, soutenir les sanctuaires de frai, et réduire ses achats afin de permettre le sauvetage des populations menacées. Au contraire, la France - pays hôte du sommet et qui vient de s'engager à exploiter les stocks de poissons de manière durable lors de la conférence mondiale sur la biodiversité au Japon - est loin de donner l'exemple: elle appelle au maintien du quota de pêche actuel pour protéger une poignée de puissants pêcheurs industriels.
Nous ne pouvons laisser un tel enjeu aux mains des politiciens et des acteurs du marché du thon seulement. Il est temps d'exprimer notre indignation et de dénoncer ceux qui, de manière scandaleuse, se rient des accords internationaux. A nous d'exhorter la CICTA à prendre des mesures urgentes pour réduire les quotas de pêche de moitié (au moins), mettre en oeuvre des règles efficaces, transparentes et coercitives, sanctionner les pays qui violeraient ces accords, et créer des réserves de frai protégées. Signez la pétition et faites la suivre à tous:
http://www.avaaz.org/fr/tuna_
Ces poissons précieux ont été exploités jusqu'aux limites de l'anéantissement-- et ce sommet pourrait bien être notre dernière chance de les sauver avant qu'ils ne disparaissent de nos océans à tout jamais.
Avec espoir et détermination,
Alice, Benjamin, Ricken, Iain, Pascal, Paula, Mia, David, Milena et le teste de l'équipe d'Avaaz
SOURCES:
Thon rouge: cinquante pays en quête d'un accord, AFP:
http://www.avaaz.org/afp_thon_
Thon rouge : la France accusée de fermer les yeux sur "la surpêche", Le Monde:
http://www.avaaz.org/lemonde_
La biodiversité marine bousculée par la guerre du thon, PlacePublique.fr:
http://www.place-publique.fr/
Engagement du groupe Mitsubishi en faveur du thon rouge à la veille de la réunion de la CICTA (en anglais):
http://www.avaaz.org/
Voir aussi:
La fin des baleines?
Quelques jours pour stopper l'extinction
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