Retraite Y a-t-il urgence à repenser le travail ? Face à face
Bernard Friot, économiste et sociologue Danièle Linhart, sociologue, chercheuse au CNRS.
Dans quelle mesure la mobilisation sur la réforme des retraites a-t-elle fait ressurgir la crise du travail ?
Bernard Friot. Le mouvement social a montré que la souffrance au travail était si grande que prolonger encore de deux ans la durée de travail devenait vraiment insupportable. Mais en même temps, la question du travail n’a pas été suffisamment prise en compte puisque la retraite est apparue comme ce qui nous libère du travail. C’est une vision de la retraite fondée sur la confusion entre travail et emploi. Quand on interroge les salariés sur leur travail, ils répondent en général qu’ils l’aiment, mais que ce qu’ils font ne correspond plus à leur travail. Ces réponses montrent que ce n’est pas le travail en tant que tel qui est source de souffrance mais c’est ce que l’emploi en fait. Je regrette donc que le principal message porté par le mouvement social ait été que la retraite nous libérait du travail. La mobilisation a exprimé l’exaspération d’avoir deux ans de plus de travail, alors qu’en fait il s’agit de deux ans de plus dans l’emploi, ce qui n’est pas la même chose. De ce fait, l’emploi comme source du malheur au travail n’a pas du tout été abordé.
Cette question n’a pas été prise en compte par les syndicats et les partis de gauche ?
Bernard Friot. Les syndicats se sont centrés sur la pénibilité au travail pour justifier une réduction de la durée de vie dans l’emploi, cela montre bien que la question de la suppression de l’emploi n’a pas été posée. D’ailleurs, les retraités ne sont pas perçus comme des personnes enfin payées à vie en étant libérées de l’emploi, mais comme d’anciens salariés libérés du travail. Le salaire à vie comme substitut de l’emploi n’a pas été revendiqué. Il faut en finir avec le marché du travail, et cette question n’a pas été posée.
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Rappel voir aussi: > http://asso-vivre-ensemble.blogspot.com/2010/11/les-erreurs-des-manifs-dautomne-des.html )
Les erreurs des manifs d’automne : des slogans sans ambition
Deux années de retraite ? Une revendication insuffisante pour Thierry Crouzet qui invite les Français à passer à une autre exigence : le dividende universel, seul outil pour corriger les erreurs sociales induites par la fabrication de monnaie. par Thierry Crouzet Le 9 novembre 2010
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